Leur allure n’avait pas varié au cours de l’ascension : c’était toujours cette longue et souple foulée accompagnée par une flexion du genou, foulée qui paraît lente au débutant pressé d’arriver, – comme si la lutte avec la montagne tolérait l’impatience ! – et qui est cependant si bien réglée qu’elle permet de marcher des heures et des heures sans sentir la fatigue. (Roger Frison-Roche, Premier de cordée)
La Corse ! Cinq ans après avoir posé mes baskets dans la Halle des sports de Bastia pour y subir une cinglante défaite basketballistique, je suis de retour dans l’île de beauté, pour tâcher d’en ramener de plus agréables souvenirs. En ce jour de départ, la vision des côtes corses par le hublot de l’avion me plonge très vite dans un état d’extase, mélange d’excitation et d’émerveillement à l’idée de découvrir les charmes de cette région hors du commun.
Dès la sortie de l’aéroport de Calvi, l’accent local des autochtones me chante dans les oreilles, les parfums méditerranéens viennent embaumer mes narines, quel bonheur !
J’avais tellement attendu ce moment, depuis le jour où Julien m’avait proposé de l’accompagner dans cette expédition quelques mois auparavant. Et les commentaires unanimes des personnes de mon entourage connaissant l’endroit n’avaient fait qu’accroître mon envie de découvrir cette île restée sauvage, qui cultive sa différence entre mer et montagne (maré é monti comme ils disent là-bas). Pour me mettre dans l’ambiance et me préparer à affronter la culture locale, je m’étais offert un CD d’I Muvrini qui a tourné en boucle au cours des semaines précédant le départ, et j’avais jugé opportun de relire Astérix en Corse !
La veille du départ, c’est avec un enthousiasme non-dissimulé que je fais mon sac à dos, celui qui sera mon inséparable compagnon de voyage tout au long du GR20 (le sentier de grande randonnée qui traverse la Corse du nord au sud). Autant dire l’importance de chaque centaine de grammes ! Je dépasse déjà les dix-sept kilos à l’aéroport, et je ne porte pas encore mes deux litres de réserve d’eau…
Au point de rendez-vous de cette aventure, nous sommes six à nous retrouver tous ensemble pour la première fois à quelques heures du départ à l’aéroport de Lyon St Exupéry (débaptisé quelques jours plus tôt pour célébrer le centenaire de la naissance de l’aviateur lyonnais… adieu Satolas !). Six jeunes entre 24 et 27 ans (je suis le “doyen”), tous venus d’horizons divers puisque nous représentons tout de même six départements de la région Rhône-Alpes ! Julien est d’origine forézienne, mi-savoyard (Chambéry), mi-isérois (Grenoble) – et futur “Homme du Picardie” -, Alex vient de Savoie (Chambéry), son amie Stéphanie de Haute-Savoie (Sallanches), Stéphane et Gérald viennent d’Ardèche et moi de la région lyonnaise.
A l’origine de ce projet à travers la montagne corse, Julien et Stéphane, tous deux randonneurs chevronnés, qui se sont connus lors de leurs études à l’Ufraps de Grenoble. Alex, la copine de Juju est bien évidemment de la partie pour donner une touche féminine à l’ensemble, en compagnie de son amie Stéphanie rencontrée à la fac. Quant à Gérald, c’est un ami d’enfance de Stéphane. L’équipe est en place, en route pour l’aventure : les huit ou neuf jours de marche programmés ne nous
effraient pas… Nous ne nous doutons pas de ce qui nous attend sur le GR20 !
par Cyril “Tortue géniale”, été 2000
A l’assaut du GR20 nord à travers la montagne corse entre Calenzana et Vizzavona : ses chemins pleins de “kailloux”, ses cochons, ses cascades, ses lacs d’altitude… Départ de Calenzana près de Calvi ; étapes dans les refuges de Bocca dOrtu di u Piobbu, Carozzu/Caruzzo, Asco Stagnu, Castel di Verghio, Ma ganu, Petra Piana, Onda, terminus à Vizzavona ; découverte des eaux de la montagne Corse (lac de Capitello, lac Melo, lac Nino ; cascades de Radule et cascade des Anglais) ; fin de séjour à Calvi (la citadelle, l’île Rousse, la réserve naturelle de Scandola, Girolata…)
Mon carnet de voyage : Corse 2000, le GR20
- Y a-t-il un pilote dans l’avion ? (7/9/2000)
- La dure réalité du GR (7/10/2000)
- La Corse est un immense « kaillou ! » (7/11/2000)
- « Quand te reverrai-je, pays merveilleux… » (7/12/2000)
- La solitude de Stéphane au cirque du même nom (7/13/2000)
- Pétards mouillés pour la fête nationale (7/14/2000)
- « Pourtant, que la montagne est belle… » (7/15/2000)
- Vizzavona, hôtel-terminus (7/16/2000)
- Est-ce la fin du début, ou le début de la fin … ? (7/17/2000)
- Épilogue à Calvi (7/23/2000)