- Dimanche 16 août 1998, d’Amorgos à Paros en ferry
Que les choses soient claires : il est hors de question de quitter Amorgos sans avoir exploré les fonds sous-marins des nombreuses criques. Celle du monastère est trop loin (nous devons prendre le bateau pour Paros à 13h30), nous nous rabattons alors sur une autre, déserte de bon matin. De son côté, Caro a projeté de visiter le village de Katapola. Malheureusement pour elle, elle découvre que le bateau de 13h30 est annulé (c’est un “dolphin”, un hydroglisseur qui ne part pas dès qu’il y a un peu de vent) et annule sa visite pour nous prévenir. Elle se paiera une marche de deux heures en nous cherchant à travers les criques, sans nous trouver… Et pour cause, nous passons la matinée à “masque-et-tuber”, à observer les fonds (poissons, oursins, pêche aux coquillages…), à plonger et replonger, grisés par l’ivresse des profondeurs !
Le prochain bateau pour Paros ne part que la nuit prochaine, à 5h du mat’… Du coup, après avoir démonté et abandonné les tentes au camping, nous repartons pour l’après-midi à la découverte des criques, découvrant ici ” La vénus de Milo ” posée sur un socle en pleine mer, là une chapelle au bout d’un bras de mer… Une petite trotte et à l’arrivée, la catastrophe : j’ai oublié mon masque et mon tuba ! Oublier l’indispensable, c’est bien moi ça : déjà le jour du bac, j’avais oublié ma convoc’… Bref, je préfère souffrir quelques minutes en trottinant jusqu’au camping plutôt que de me morfondre sur la berge en écoutant David me crier : “c’est trop beau au fond, c’est parfait !”. Et je ne regrette pas cet effort puisque l’endroit est très rocheux, les oursins pullulent et le masque est indispensable pour éviter les piquouzes ! ! J’alterne bains de soleil et explorations sous-marines, siestes entre deux rochers et plongeons dans l’eau turquoise : le bonheur, si je veux…
Soirée pâtes au jardin public
Après cet après-midi sans souci, les questions pratiques resurgissent : qu’est-ce qu’on mange ? où est-ce qu’on dort ? quand est-ce que l’on prend le bateau ? Pour des questions d’ordre essentiellement financier (les drachmes font défaut sur cette île où il n’y a pas un seul distributeur de billets !), nous devons nous contenter d’un plat de pâtes. La nuit tombe, et nous nous installons dans un jardin public où quelques enfants font encore de la balançoire et du tourniquet… David s’interroge : “Mais vous voulez vraiment faire cuire les pâtes ici ? !”. C’est un ultime 51 bien dosé qui achève de le convaincre. Malheureusement, en finissant la bouteille, nous réalisons qu’il nous faudra survivre trois jours sans pastis… Un jeune français vient nous aborder : “vous n’auriez pas du sel ?”. Il est en train de faire cuire ses pâtes de l’autre côté du jardin public ! Un autre touriste en sac à dos s’installe à côté de nous, défait son duvet et se couche. On dirait que tout le monde s’est donné le mot, et s’installe un peu n’importe où dans l’attente du bateau de 5h.
“Parakalo, Parakalo !”
De notre côté, nous rejoignons un bout de plage derrière le port. Caro règle le réveil, puis tente de s’endormir… mais de peur de rater l’échéance, surveille chaque minute qui passe sur l’horloge et ne dort que d’un œil. De mon côté, je n’ai aucune difficulté à rejoindre les bras de Morphée. Je ferme les yeux sous les étoiles, face à la mer… Je me réveillerai simplement en sursaut une fois ou deux dans la nuit à cause d’un bruit de vague un peu plus fort que les autres qui me donne la réelle impression que la marée monte et que mon duvet va finir trempé !…
A 4h15, le réveil n’oublie pas de sonner et ce sont quatre somnambules qui rejoignent le ferry. Il y a peu de monde dans le port, et nous n’avons aucune difficulté pour nous installer en bonne place sur le pont : karémat, duvet, et re-dodo. Vers 7h, le jour commence à poindre, le lever imminent de l’astre solaire me met dans un état d’excitation rare et finit de me réveiller totalement : nous slalomons entre les petites Cyclades, la vue du lever de soleil sur les îles est extraordinaire !
Je profite de ce réveil matinal pour reprendre un journal de bord quelques peu délaissé depuis quelques temps. Mes collègues ont fini eux aussi leur seconde demi-nuit, et nous nous offrons un petit déjeuner (et sur une table s’il vous plaît). Ce n’est pas la grande forme, mais chacun a réussi à dormir quelques heures d’affilée malgré les incessantes escales dans chacune des petites Cyclades (Koufonissia, Schinoussa et Kato Koufonisi), rythmées par les commentaires incessants de l’hôtesse de bord, en grec (“Parakalo, parakalo !…”) puis en anglais (qu’on ne comprend souvent guère mieux que le grec).