« Quand te reverrai-je, pays merveilleux… »

Mercredi 12 juillet 2000 : Caruzzo – Asco Stagnu

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Une dernière photo avant la tempête de neige…

Vingt-quatre heures
Etape 3 : Départ 6h, arrivée 11h10 trempés, frigorifiés par la pluie, la grêle, le froide et la neige… ; durée de marche effective : 4h30.
Après une vraie collation pour nous remettre de cette étape éprouvante, séchage, sieste, discussions passionnées avec les randonneurs, ravitaillement, prise d’informations sur la météo à venir…
Nuit dans un vrai lit au refuge d’Asco Stagnu.

Météo
Couvert et frais le matin, puis : vent, pluie, grêle, neige fondue, et tempête de neige en haut des crêtes ! Descente au refuge sous la pluie sur les rochers glissants. Amélioration dans l’après-midi, et grand beau temps en soirée sans nuages ! Les cimes enneigées sous le soleil couchant sont magnifiques… Températures très froides (1° en haut du col, 5° maximum à Asco)

Le fait du jour
« Dix ans qu’on n’avait pas vu ça… » – Les habitants et les commerçants d’Asco sont les premiers surpris par cet incroyable caprice de la météo : de la neige en juillet, à 1400 mètres d’altitude, ils n’avaient pas vu ça depuis dix ans. Certes, les sommets environnants qui entourent le monte Cinto – point culminant de la Corse avec 2706 mètres – sont fréquemment enneigés même en plein été mais pour se trouver au cœur d’une vrai tempête sur le GR à cette époque de l’année, il faut quand même ne pas avoir de bol !

L’étape

Juste avant l'enfer, Indiana Jones en Corse

Juste avant l’enfer, Indiana Jones en Corse

Dans l’enfer corse – Nous partons à la fraîche, en même temps que la plupart des marcheurs. Quelques minutes après le départ, nous devons franchir un pont suspendu à la Indiana Jones, que tout le monde ne franchit pas avec la même assurance ! La longue ascension qui démarre alors est difficile entre les dalles rocheuses et les étroits passages rocailleux… Lorsque le vent, la pluie, le froid et la neige s’en mêlent, c’est une toute autre randonnée qui commence, très pénible. L’ultime plongeon vers le refuge d’Asco est éprouvant puisque la fatigue physique s’accompagne d’une fatigue nerveuse, née d’une vigilance sans relâche au cours de la descente sur les roches glissantes. Pressé d’arriver, je n’accorde aucun répit à mon organisme et en arrivant au refuge, je suis fracassé de partout : muscles courbaturés, articulations douloureuses, et moral un peu inquiet aussi pour la suite… Notre étape la plus courte depuis le départ aura aussi été la plus éprouvante !

Humeur…
Ça fera des souvenirs ! – Non-content de m’imposer déjà ses terribles dénivelés, ses difficiles escalades et ses chemins caillouteux, le GR ne m’épargnera décidément aucune épreuve. Après la faim (lundi), et les bourrasques de vent (mardi), je dois affronter avec mes compagnons d’infortune en ce troisième jour les pires conditions climatiques, dignes d’une randonnée d’hiver : le froid et la neige. De la neige fondue au départ, qui détrempe tout sur son passage, puis une vraie tempête de neige avec des flocons de trois centimètres de diamètre…

Je rêve de gants bien chauds tant mes mains me font mal, mouillées, gonflées, rougies… à me demander si je pourrais encore tenir un stylo pour poursuivre le journal de bord ! Dans tous les cas, je pense qu’on n’aura pas fini de reparler de cette satanée tempête de neige en Corse un 12 juillet…

Brèves rencontres
« Il mio refugio… » – Sans même avoir esquissé l’idée de planter les tentes (il pleut encore à torrents lorsque nous arrivons), nous gagnons le refuge d’Asco Stagnu. Enfin au chaud et bientôt au sec après une douche régénérante, nous trouvons une petite place pour manger à la grande tablée familiale. Le refuge est bondé puisque quasiment tous ceux qui ont tenté de traverser le mythique cirque de la solitude depuis deux jours (notre étape théorique du lendemain au départ d’Asco) ont dû rebrousser chemin en raison des conditions météo rendant le parcours dangereux. Certains ne croient d’ailleurs plus en une amélioration rapide de la situation et quittent définitivement le GR en rejoignant Corte en bus. Nous en profitons pour récupérer des lits inespérés et nous héritons même d’une chambre en compagnie de deux sympathiques randonneurs, Christophe et Patrice, qui voyagent en solo chacun de leur côté ; ils partageront d’ailleurs notre plat de pâtes du soir. Dans le refuge, tous confrontés au même problème (faut-il prendre le risque de tenter de traverser le cirque de la solitude ou pas ?), les discussions sont passionnées et l’ambiance des plus chaleureuses. Il faut dire que la gardienne est d’une gentillesse et d’une disponibilité exceptionnelle, une vraie mère-poule, attentive, dévouée, et on se sent tous comme à la maison !

En vrac
Juju, homme-médecine – En bon Ufrapsien soucieux de son corps, Juju a tenu à se charger lui-même de la pharmacie destinée à soigner les petits bobos en cours de séjour. Soucieux d’alléger mes souffrances musculaires, je vais lui demander conseil et j’avale sans sourciller le Doliprane qu’il me tend… avant de constater avec effroi que je viens d’ingurgiter un Spasfon (contre les maux de ventre) ! Diablement efficace en tout cas, puisqu’en dépit des 400 grammes de pâtes que j’avale ce soir-là, je n’aurais absolument pas mal au ventre… Quant à mes courbatures, Patrice me fournira un Myolastan qui en plus de jouer parfaitement son rôle de décontracturant me permettra de dormir d’un vrai sommeil pour la première fois en quatre nuits corses !

Stéphane, chef-cuistot – Leader naturel de notre équipée, Stéphane prend résolument en charge l’organisation des repas, des courses de ravitaillement jusqu’à la préparation. Il faut dire que ce jour-là, la jeune fille du magasin d’alimentation d’Asco lui fait les yeux doux et qu’il n’hésite pas à aller trois fois faire les courses pour profiter un peu plus de son sourire. Néanmoins, il en reviendra suffisamment lucide pour nous mitonner comme tous les soirs un plat de pâtes grandiose ! Nous salivons tous d’avance à l’idée de déguster sa spécialité de pâtes à la sauce roquefort…

La solitude de Stéphane au cirque du même nom

La Corse est un immense « kaillou ! »

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